18.5.11

Mes notes de chevet, 54. Choses que l’on entend parfois avec plus d’émotion qu’à l’ordinaire




"Le chant des oiseaux. A l’aurore, le bruit d’une toux, et il va sans dire, le son des instruments"
Sei Shônagon, Notes de chevet


La récolte des pommes de terre, Jules Bastien-Lepage, musée des Beaux-Arts de Nice

Mes notes de chevet 
Je n’avais pas envie d’aller au musée des Beaux-Arts. Aller à un concert Schubert, pour une Nuit des Musées, je trouvais que cela manquait de fantaisie. Et puis, de passage ailleurs, constatant que la fantaisie peut aussi manquer d’envie, je me suis laissée convaincre.
Quand nous sommes arrivés, c’était déjà commencé. La dame de l’accueil, nous souriant gentiment, nous demanda d’une voix presque suppliante : "vous visiterez un peu le musée, après ? "Dans la galerie centrale, au toit vitré, il ne faisait pas encore tout à fait nuit, la lumière était magnifique et une jeune fille à quatre pattes ne s’était pas encore glissé sous le piano pour déclencher l’halogène. Le violoncelliste n’était pas encore chaud. Peu de personnes et toutes les chaises occupées, mais on y voyait encore très bien debout. Je reconnaissais les morceaux et les souvenirs revenaient. J’étais très jeune. Je ne connaissais que la musique symphonique. C’est mon professeur de psycho-pédagogie, nul en pschypo-pédagogie mais excellent homme de son état, qui m’en fit entendre la première fois, sur sa chaîne d’audiophile dédiée au vynil alors que le compact-disc était déjà de mise, de la musique de chambre en trio et quatuor. Je me souviens de mon saisissement d’alors.
Le concert se déroulait là, et en promenant son regard on voyait les tableaux que l’on dit désuet, grandes ou petites merveilles présentées pour nous à la nuit
C’était presque la fin, l’heure du dernier morceau, presque l’heure de la promesse de la visite, j’étais en train de me dire qu’en rentrant chez moi je mettrai l’andante du n°100, celui que j’aime tant, que j’avais découvert sous les images de Deneuve et de David Bowie en 1983. Et puis voilà les six accords au piano, c’est lui. Alors, je n’étais que les trois intruments à la fois, et je l’avoue, dans cette salle au milieu des tableaux, j’ai fermé les yeux, et ce n’était pas parce que je pleurais.

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